ATELIER « LE FEU »

Ilots de chaleur, chaleurs diurnes extrêmes dans l’espace public, arbres qui dépérissent, parcs peu accueillants : tous les symptômes du « feu dans la ville » prennent de l’ampleur depuis quelques années. Ils génèrent des conséquences immédiates ou à long terme, notamment sur la santé. Quelles sont les pistes pour répondre à ces défis ? En matière de mobilité, qui est un facteur lourd de l’émission des gaz à effet de serre et des pollutions, une mobilité décarbonée est-elle possible ?

Dorothée Bernier, Traject, mobiliteitsexpert. Hoe kan men in de stad de mobiliteit koolstofvrij maken? Welke middelen zijn er om het effect van mobiliteit op de opwarming van de stad te verminderen? Dorothée is gespecialiseerd in duurzame mobiliteit en is in 2018 bij Traject in dienst getreden nadat ze als CSR-manager voor Thalys had gewerkt waar ze de sociale en milieuverplichtingen van de spoorwegexploitant beheerde. Het begeleiden van opkomende trends is de rode draad in haar carrière geweest, van de digitale revolutie tot het rekening houden met milieuvraagstukken.

 Dorothée Bernier, Traject, experte en mobilité. Comment décarboner la mobilité en ville ? Quels moyens pour réduire l’impact de la mobilité sur le réchauffement des villes ? Spécialiste de la mobilité durable, Dorothée a rejoint Traject en 2018 après avoir travaillé comme CSR Manager pour Thalys, dirigeant les engagements sociaux et environnementaux de l’opérateur ferroviaire. L’accompagnement des tendances émergentes est le fil rouge de son parcours professionnel, depuis la révolution digitale jusqu’à la prise en compte des enjeux environnementaux.

L’exposé de Dorothée Bernier a mis en évidence les éléments suivants

  • Le réchauffement climatique dans nos contrées est largement conditionné par la circulation : un tiers des émissions GES sont générées par les divers modes de déplacements. Si l’impact de la circulation « carbonée » est précisément mesuré en termes d’émissions, les mesures ne sont pas suffisamment précises que pour que l’on puisse faire un lien direct entre circulation et ilot de chaleur.
  • Pour contribuer à « décarboner la mobilité », trois entrées sont possibles :
    1. Éviter les déplacements inutiles. Lorsque l’on pratique le télétravail, on réduit sa mobilité. En matière de fiscalité, on peut aujourd’hui bénéficier d’une contribution de l’employeur liée à la charge hypothécaire d’un logement plus proche de son travail ; mais ce dispositif est encore trop peu utilisé. Enfin, on rappellera que 53% des ménages bruxellois ne possèdent pas de voiture.
    2. Encourager le report modal. A cet effet, trois politiques peuvent être évoqués : le COBRACE, la règlementation qui limite le nombre de parking liés aux lieux de travail ; l’aménagement de pistes cyclables et en particulier les 40km des pistes aménagées récemment et qui doivent être pérennisées ; l’extension du réseau des TC, avec les chantiers menés par la STIB, et l’amélioration de ses performances. En matière de transport, on peut également encourager la livraison par vélo-cargo (4,7 millions viennent d’être obtenus à cette fin auprès des fonds européens) ; et regrouper les livraisons à partir des aires de distribution.
    3. Augmenter la performance environnementale. Pour ce qui concerne les modes de déplacement, trois angles d’action doivent être pris en compte. D’une part, l’intensification de l’usage d’un véhicule : co-voiturage, voiture partagée, etc. D’autre part, faire évoluer la technologie : passer du train diesel au train propulsé par hydrogène, remplacer la voiture diesel par la voiture électrique ; et plus globalement, réduire la vitesse (facteur d’émissions plus importantes) ou instaurer des zones à basses émissions.
  • Bernier explique que les missions menées par Traject s’adressent à des entreprises, ou à des collectivités, et intègrent souvent de multiples aspects, ici documentés.

 La discussion autour de cet exposé a abordé les points suivants

  • L’aménagement du territoire est un vecteur important du changement en cette matière
  • Copenhague interdit depuis une décennie l’implantation de bureaux à plus de 2km d’une gare
  • Les Pays-Bas appliquent depuis plusieurs décennies le principe A-B-C : les zones A sont réservées aux lieux à haute densité d’emploi ; B un peu moins, tandis que la zone C est réservée aux activités de type productive ou logistique à faible densité d’emploi
  • Le cœur de la question porte en définitive sur le changement de comportement : jusqu’à quel point peut-il reposer sur la conviction et l’incitation jusqu’à quel autre point doit-il être régi par des règles ?

 FOR URBAN PASSION considère dès lors que

La mutation induite par la pandémie doit constituer un point de départ vers une mobilité davantage décarbonée. Il importe qu’un « retour à la normale » ne soit pas l’occasion d’un retour en arrière. Il y a nécessité de consolider cette mutation vers la mobilité décarbonée essentiellement par des mesures relatives aux usages et aux localisation des fonctions ; on sait en effet que la voiture électrique pose d’autres problèmes environnementaux (métaux rares, coût énergétique de la production, etc.)

(rédaction AUPA et Paul Vermeylen)