Daniele Santucci

Daniele Santucci est architecte, scientifique et professeur de technologie de construction intégrale et de conception adaptée au climat à l’Université des sciences appliquées et des arts de Dortmund.

Ses recherches portent sur l’ingénierie environnementale et la conception de structures bâties à faible émission de carbone, en utilisant la modélisation énergétique, les flux de conception axés sur les performances et la détection environnementale à l’échelle urbaine et architecturale. Son principal axe de recherche porte sur le microclimat et le confort extérieur dans l’espace urbain. En 2017 et 2018, Daniele a été chercheur invité au Senseable City Lab du Massachusetts Institute of Technology. Outre son activité universitaire, il a travaillé sur les aspects environnementaux dans de nombreux projets et études de conception architecturale. En 2020, il a co-fondé Climateflux, une société qui conseille les cabinets d’architecture, les institutions publiques et les entreprises privées sur les stratégies et les solutions de conception visant à accroître le confort extérieur dans l’espace urbain. 

Dans son exposé, Daniele Santucci a mis l’accent sur ces éléments. Le climat est le principal facteur qui favorise ou non l’usage des espaces publics. Décrire ou percevoir le microclimat permet de comprendre les conditions dans lesquelles les êtres humains vivent continuellement à travers leurs sens. Le microclimat affecte radicalement les conditions dans les villes, les lieux où la société, l’économie et l’environnement convergent dans l’espace public. Les citoyens sont particulièrement exposés aux conséquences de l’inconfort dans les espaces urbains, ce qui entraîne un grand nombre de défis pour les citadins, ainsi que de graves répercussions sur la vie quotidienne et le bien-être de centaines de millions de personnes dans le monde, avec des impacts différents d’un endroit à l’autre.

Conférence de Daniele Santucci

A la suite de l’exposé, les échanges ont portées sur :

  • On doit admettre qu’il ne sera pas possible de neutraliser le réchauffement climatique. La « mitigation » est hors de notre contrôle. On doit donc dès à présent agir pour adapter les villes. L’adaptation urbaine est essentielle mais elle prend du temps. Il est possible de mitiger les effets du réchauffement climatique, notamment sur les villes.
  • Berlin a piétonnisé une partie de la ville avec le placement de pots avec plantations. Aménagements provisoires pendant 6 mois et avis sollicité auprès des citoyens.
  • Attention portée sur certains besoins et plus particulièrement les sensations (voulez-vous avoir plus de vent, plus de soleil… ?). Moins l’amusement ou les sentiments des citoyens. Mais on ne peut pas totalement séparer les préférences « thermiques » du plaisir que les citoyens peuvent retirer. Il y a bien sûr un effet.
  • La manière de concevoir et articuler les rues piétonnes, cyclables ou accessibles aux voitures a une influence majeure sur la sensation de sécurité des usagers. Les individus ont plus de préférences à travailler dans un milieu sécurisant.

FOR URBAN PASSION  considère dès lors que

  • L’adaptation urbaine ne doit plus être un tabou politique. Beaucoup d’élus ont encore aujourd’hui peur d’évoquer la nécessité d’adapter nos villes et territoires aux effets du réchauffement climatique, car cela pourrait être interprété comme une forme de déni de ce qui a été réalisé.
  • Or, les études sur le phénomène s’accordent pour dire que nous dépasserons déjà un seuil qui s’accompagnera de changements météorologiques majeurs d’ici le milieu de ce siècle. On doit donc considérer cette évolution comme un fait qui attend des réponses adéquates. On ne peut pas arriver en 2050 avec la neutralité carbone tout en disposant de villes totalement inadaptées à la météo qui sera celle de la seconde moitié du siècle.
  • Adapter n’implique pas non plus que l’on doit arrêter les actions en cours visant à limiter (mitigate) le réchauffement.
  • On sait que le réchauffement se concentrera surtout dans les terres et plus particulièrement dans les villes. Or, transformer la ville, cela prend plusieurs décennies.
  • Le changement rencontre une certaine résistance sociale , de peur du changement. Il faut dès lors mieux impliquer les citoyens. Notamment, les expériences participatives ou consultatives comme Berlin peuvent renforcer le niveau d’adhésion des populations locales.

(rédaction : Jeremy Dagnies)