Waterloo freine désormais des quatre fers l’urbanisation et la densification de son territoire. Car la mobilité et la qualité de vie en pâtissent clairement. Remonter la pente sera délicat mais plusieurs grands chantiers sont sur la table pour inverser la tendance. Reste à voir s’il n’est pas trop tard.+
Changement d’époque à Waterloo. L’open bar est terminé pour les promoteurs immobiliers. L’équipe qui a succédé à Serge Kubla à la tête de Waterloo en 2015 puis en 2018 a resserré les boulons et aboli les petits arrangements entre amis. Résultats : les promoteurs ne sont plus vraiment les bienvenus. Et, s’ils persévèrent, ils doivent revoir leurs ambitions nettement à la baisse. Les exemples se multiplient ces derniers mois de projets rabotés. Demandez par exemple au promoteur Eaglestone ce qu’il pense de son projet situé le long du boulevard Henri Rolin. Deux ans de négociations et trois versions plus tard, il est en passe d’être diminué de moitié (une quarantaine d’appartements et des logements PMR, kangourou et habitat groupé au total) et accueillera même la bibliothèque communale. Même situation pour le Château de la Rose (Bouygues) au Chenois, qui est passé de 170 à 144 unités.
Une situation liée en fait au contexte local d’ultra-urbanisation. Le plan de secteur est relativement simple à Waterloo : 80 % des 2 200 hectares est en zone rouge et est donc à bâtir. Et l’essentiel est déjà bâti. Il en résulte une forte densification (1 400 habitants/km2 pour une moyenne brabançonne de 400 habitants/m2) et d’innombrables problèmes de mobilité vu que sept personnes sur dix possèdent (au moins) un véhicule. « Waterloo a donc déjà fait sa part du travail en matière de densification, relève la bourgmestre Florence Reuter. Il reste encore quelques possibilités de densifier dans le centre-ville ou aux alentours de la gare. Mais les problèmes de mobilité sont trop importants pour continuer à faire comme avant. Une de mes craintes est que la qualité de vie en pâtisse et que les habitants quittent Waterloo pour aller voir si l’air n’est pas plus respirable ailleurs. Je suis favorable à l’activité économique mais pas au détriment du cadre de vie. D’où le fait de refuser ou réduire certains projets immobiliers, ou de refuser l’implantation de certaines enseignes commerciales dont Waterloo n’a pas besoin. » La librairie Cultura, qui allait concurrencer les librairies indépendantes locales, ou l’enseigne Lidl, alors qu’il y a déjà pléthore d’acteurs de la grande distribution, en ont récemment fait les frais.
Une de mes craintes est que la qualité de vie pâtisse de cette ultra-urbanisation et que les habitants quittent Waterloo pour aller voir si l’air n’est pas plus respirable ailleurs. Je suis favorable à l’entrepreneuriat mais pas au détriment du cadre de vie. Florence Reuter, bourgmestre
Rédaction : Xavier Atout. Maison de l’urbanisme du Brabant wallon – revue « Espace Vie » janvier 2021.