Ilots de chaleur, chaleurs diurnes extrêmes dans l’espace public, arbres qui dépérissent, parcs peu accueillants : tous les symptômes du « feu dans la ville » prennent de l’ampleur depuis quelques années. Ils génèrent des conséquences immédiates ou à long terme, notamment sur la santé. Quelles sont les pistes pour répondre à ces défis ? Du côté des scientifiques, des acteurs publics ou privés qui font la ville de demain ?

Cécile Gruber, directrice des Transitions et de la Communication à l’Agence Parisienne du Climat en charge du décryptage des politiques publiques climat-énergie, du développement de projets pour accompagner la transition écologique du territoire et de la mobilisation des entreprises.

Après une expérience auprès des collectivités publiques dans l’étude et le conseil en aménagement, urbanisme, mobilité, énergie et développement durable, Cécile Gruber a rejoint dès sa création en 2010 l’Agence parisienne du climat, conçue pour accompagner la mise en œuvre du plan climat de Paris. Créée dès le départ comme un partenariat multi-acteur, concret et de terrain, cette agence accompagne les projets des acteurs du territoire et imagine le futur des parisiens contribuant à le rendre concret, durable et désirable.

cecile gruberL’exposé de Cécile Gruber illustre les élément suivants 

  • Les écarts de température peuvent atteindre jusque 10 degrés de différence entre centre-ville et zones en dehors de Paris.
  • On comptabilise à Paris quatre étés records successifs ; l’été passé a été très symptomatique
  • La stratégie parisienne a démarré il y a 10 ans déjà, les stratégies montent en puissance sur la dimension climat, et concerne différents champs qui s’articulent : espaces verts, voiries, jardins, mobilité, etc.
  • Les ambitions doivent nécessairement être fortes autour du thème « une ville résiliente et adaptée », qui vise à « rafraichir Paris ».

Cécile Gruber a illustré son exposé dans différents champs d’actions

  • Créer des cours oasis dans les écoles : 40 cours de récréation sont en cours d’aménagement
  • Végétaliser le bâti : 116 ha de toits verdurisés, 13 rues verdurisées, 20.000 arbres plantés, etc.
  • Renforcer la présence de l’eau dans la ville : 1.200 fontaines à boire installées, une centaines de brumisateurs dans des espaces publics, un trentaine de nouvelles fontaines, etc.
  • La valorisation de l’eau et des circuits de remploi : l’objectif lointain est de 100% de réutilisation, en se basant sur la stratégie de de l’eau annexée au zonage pluvial : récupération d’eau de pluie, revêtement poreux des espaces publics et des intérieurs d’ilots, amélioration de l’eau de la Seine,
  • Ombrer les espaces publics – Paris démarre ce volet cette année : identification des priorités part thermographie de la ville, ciblage des quartiers prioritaires, création d’ombrières, placement de volets
  • Végétaliser au maximum, créer des passages semi-couverts, placer des velums, etc.
  • Adapter le bâti aux nouvelles contraintes : réaliser un référentiel en la matière, relever et améliorer les normes techniques, etc.
  • Quant à ce point et au suivant, Cécile Gruber présente les résultats d’ateliers prospectifs. On se penche ici sur l’objectif d’aménager autrement les espaces publics : utiliser des couleurs claires, créer des flaques climatiques, créer des bocages urbains, aménager de nouvelles lisières à proximité des espaces boisés, etc.

La discussion a permis de mettre ces aspects en valeur

  • Les facteurs de chaleur sont diversifiés. Impacts négatifs : facteurs d’augmentation principalement le chauffage et les déplacements ; morphologies des sols, densité, hydrographie. Facteurs potentiellement positifs : les matériaux ; l’eau ; le végétal
  • De très nombreuses villes n’ont pas encore mis en œuvre des telles stratégies alors que l’urgence est là
  • L’impact sur la vie en ville et la santé ne cesse de s’alourdir
  • L’augmentation des températures menace la vie en ville, et les îlots de chaleur sont l’illustration des tendances à l’œuvre.

FOR URBAN PASSION considère dès lors

  • Une vision intégrée des thématiques liées au réchauffement s’avère indispensable
  • De très nombreux projets d’aménagement ne comprennent pas de volet en la matière, ni au stade du diagnostic, ni au stade de la stratégie, ni à celui de sa mise en œuvre
  • Les solutions sont par nature complexes et conduisent à manier différents facteurs de manière concomitante et systématisée
  • Le maître mot devient « service écosystémique : la nature devient l’outil ; celle-ci propose des solutions accessibles et peu coûteuses (par rapport aux grands investissements classiques) ; l’effet de démonstration doit faire l’objet de davantage de communication grand public
  • On quitte en effet la sphère de la technicité réservée à quelques experts, pour mobiliser des savoir-faire et des initiatives tous azimuts dans lesquelles les citoyens sont potentiellement des acteurs.

(rédaction AUPA et Paul Vermeylen)